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Thierry Roland

« Le coup d'envoi populaire ! »

Assister à "Téléfoot", l'émission de sport la plus regardée, c'est avant tout une petite fête pour les mômes qui sont sur le plateau. Thierry Roland se prête naturellement aux séances d'autographes, de photos. Dans cette ambiance populaire et sympathique, j'ai pu me glisser, non pour capter son rire, mais son savoir-vivre, afin de voyager sur la planète foot.

On vous reproche souvent une image de franchouillard; pourtant lors des évènements de 1968, vous avez été viré. Est-ce que cela a été votre premier carton rouge ?

Thierry Roland : L'image de franchouillard français moyen, j'assume complètement. Cela fait partie du jeu. Le football est un sport populaire, pas de salon. Je parle en mon nom et en celui de Jean-Michel Larqué; nous sommes le trait d'union entre le public et le football. Nous devons être, au minimum, en harmonie avec le jeu. En ce qui concerne 1968, je pense que cela a été une période exceptionnelle, dans mon existence, comme dans celle de beaucoup de gens. J'ai constaté dans cette histoire de sept à huit semaines de grèves qu'il y avait, d'un côté, tous mes potes, de l'autre, ceux que je n'aimais pas. J'avais grosso modo trente ans, et j'étais en bonne santé. Je n'étais pas marié et je n'avais pas de responsabilité. Je faisais un peu ce que je voulais. Quand on est bien dans sa tête et bien physiquement, on arrive toujours à s'en sortir.

Est-ce que vous avez un entraînement spécifique, avant chaque direct à la télévision, lors d'un match important ?

T.R : Non ! Disons que nous nous préparons chacun de notre côté, Jean-Michel et moi. Ce qui est sympa, c'est que nous arrivons pratiquement toujours aux mêmes conclusions. Nous donnons l'impression d'arriver les mains dans les poches, mais ce n'est pas le cas. On fait ça sérieusement.

Un journaliste-commentateur sportif doit-il se comporter, dans son métier, comme un arbitre, qui se doit de siffler et de distribuer des cartons ?

T.R : Il faut dire ce que l'on voit. La direction de TF1 nous paye pour ça. On doit être présent sur le jeu et essayer de refléter le mieux possible le spectacle qu'on est chargé de faire vivre à l'écran.

Lors de vos commentaires en direct d'un match de football, vous n'hésitez pas à prononcer les mots : hold-up, attentat, empalé. Est-ce à dire que le foot est devenu une bataille rangée avec 22 voyous sur le terrain ?

T.R : Non ! Ce sont des mots, certains sont plus forts que d'autres. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre. Là encore, j'assume complètement les mots que j'emploie. J'essaye de faire attention à ce que je dis. Quand je veux obtenir une image forte, j'utilise les mots que vous avez évoqués.

Les entraîneurs de clubs sont toujours en contre-attaque, dès qu'il y a une décision litigieuse d'un arbitre. Ne faudrait-il pas leur apprendre à ne pas parler, quand on a la bouche pleine d'injures ?

T.R : Les entraîneurs sont dans l'ensemble sages. Je trouve que vous êtes un peu dur avec eux... Les joueurs en revanche, qui gesticulent autour des arbitres, qui les poussent c'est tout juste s'ils ne les molestent pas là, c'est inadmissible ! Ceux-là devraient être rayés des terrains de jeu.

On vous a souvent reproché de tchatcher pas toujours au bon moment à l'antenne. Vos adversaires auraient-ils oublié que le foot est populaire et que, n'importe qui devant le poste pourrait avoir le même réflexe de langage ?

T.R : Les petits excès de langage que j'ai pu avoir, ici ou là, j'assume ! Et dans les différents cas où j'ai fait des vagues, je constate que j'avais complètement raison sur ces incidents. Si c'était à refaire, je ne changerais rien. Je pars du principe que, dans un pays de soixante millions d'habitants, c'est très difficile de faire l'unanimité. De toute façon, il y a davantage de personnes qui nous apprécient que de personnes qui ne nous aiment pas. Cela suffit à notre bonheur.

Quand vous êtes face à un grand joueur dans le cadre d'une interview, êtes-vous du style vicieux, au point de tirer dans la lucarne ?

T.R : Vous savez, on a des rapports privilégiés avec les joueurs. Cela fait pratiquement quarante ans que j'exerce ce métier. Du reste, pour la plupart des joueurs, j'ai vu passer leur père, et bientôt leur grand-père, au train où vont les choses. Au contraire, on essaye d'être gentil avec eux, de ne pas les mettre en difficulté. La presse française se démarque de celle de ses voisins (anglaise, allemande, italienne, espagnole) par sa gentillesse. Je ne suis pas persuadé que les joueurs, en France, en soient conscients.

Entretien publié dans le Hérisson en septembre 1995.

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Extrait du livre "Les Rencards de Phil Marso" (Editions Megacom-ik - Disponible en librairie)

© MEGACOM-IK & Phil Marso / 2003 -

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