LES RENCARDS DE PHIL MARSO : MICHEL ROCARD - LIVRE D'OCCASION THÉÂTRE A PARIS

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Megacomik.com vous propose de découvrir un extrait d'une interview de « Michel Rocard » réalisée par l'écrivain Phil Marso. Retrouvez une compilation des interviews en version livre numérique e.book Kindl, intitulé : « Les rencards de Phil Marso »

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« Michel Rocard : Partage du travail ?  Il y a du boulot !»

Ce vendredi 21 février 1997, je débarque dans l'appart' tenant lieu de bureau à l'ancien Premier Ministre, Michel Rocard. Homme politique de premier plan, il a publié récemment : "Les Moyens d'en sortir" (Editions du Seuil), traduction : "Mes propositions contre le chômage".

Je suis encore étonné qu'il ait accepté de s'exprimer dans le journal gratuit "Média Pub", un vrai scoop!  Puisque jamais un homme politique n'avait daigné s'adresser aussi directement à l'homme de la rue, comme vous et moi. Seulement, il ne suffit pas d'avoir le rencard, encore faut-il ne pas tomber dans le piège politicard. Alors, je me suis mis au boulot. Au lieu de chercher à savoir qui est responsable du chômage, est-ce la gauche, la droite ? J'ai évité les questions sur le passé et essayé de refléter les préoccupations du citoyen qui se demande si on ne va pas droit dans le mur… Ma seule inquiétude était de savoir si j'allais tenir la route, face à Rocard. Il a la réputation de parler vite et les mauvaises langues disent parfois : on ne comprend rien à ce qu'il raconte dès qu'il s'exprime à la T.V… Dès les premières phrases de l'entretien, il parle posément. Ouf ! Je respire…. Mais Rocard, c'est aussi un économiste… Bref, c'est ma première interview dans le domaine politique, autant dire que c'est du costaud.

Votre livre : est-ce le moyen d'en sortir en limitant la "casse" sociale ?

Michel Rocard : Oui ! C'est pour limiter le chômage et tout ce qui s'y connecte, c'est-à-dire la précarité et les situations dramatiques auxquelles les gens sont acculés. Certains sombrent dans l'alcoolisme, la drogue. Le problème, est-ce qu'on peut éviter que le boulot disparaisse ? Je crois que oui. Le livre essaie de le décrire.

Selon vous, le mot "crise" c'est du passé, mais le chamboulement de notre société en matière de travail est à venir. Votre constat ne risque-t-il pas de désorienter l'opinion publique ?

M.R : Non, c'est juste une affaire de mots… Le mot "crise" vient du vocabulaire médical et, dans toute maladie, ce mot décrit le moment où "le malade meurt ou guérit". Le mot crise implique qu'on ait une idée de la guérison. C'est le fait de revenir à un état normal, connu, qu'on appelle la santé. Ce qui se passe dans les rapports de l'humanité actuelle de nos pays développés avec le travail est d'une toute autre nature, c'est un changement définitif. On ne trouvera plus la même chose. C'est-à-dire du boulot pour tout le monde à 40/48h par semaine, ça, c'est bel et bien fini. Ce qui désoriente les gens, c'est ce qui se passe et non la manière dont ça se passe.

Comment changer les mentalités, quand la plupart des gens estiment que le travail est une véritable corvée alors que, pour d'autres, c'est une raison de vivre ?

M.R : D'abord, il y a toujours un peu des deux. Même pour ceux dont c'est la raison de vivre, c'est quand même une corvée. Les raisons de vivre, on les passe aussi bien en week-end, en balade, à faire du bateau, de l'alpinisme ou en faisant de la musique pour ceux qui aiment ça. On est tous partagés : raison de vivre et corvée. Les gens sont dans des situations très différentes selon qu'ils s'intéressent ou non à leur travail. En gros, 90% des gens dans notre société reconnaissent, dans les sondages, que le travail qu'ils font ne les intéresse pas.

10% qui ne sont pas malheureux au boulot, c'est peu.

M.R : Cette proportion est petite. La solution au problème du chômage, il faut la chercher en tout cas dans les secteurs où le travail offert n'intéresse pas beaucoup ceux qui le font. Ce que je crois profondément, c'est qu'il faut une immense boîte à outils, d'outils contre le chômage. Il les faut tous ! Mais le plus gros touchera la réduction du temps de travail. Simplement, il n'y a pas de recette unique, je tiens à le dire avant qu'on détaille sur le temps de travail. Nous avons encore un système d'impôts qui encourage à mécaniser et à automatiser et qui décourage l'embauche. C'est vrai du calcul des bénéfices des sociétés. Concernant la T.V.A., c'est atypique. On peut déduire les frais d'achat de toutes les machines, mais on ne peut pas soustraire, par exemple, l'investissement que l'on met dans la formation de son personnel.

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Entretien publié dans l’hebdomadaire “Média Pub” le 27 mars 1997.

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